Compagnie Eva Luisa - Acuerdate

Se souvenir des anciens

La compagnie Eva Luisa, que le public parisien avait découverte à Planète Andalucia en 2009 a présenté, après "Flamenco por dentro" et "Mujeres en cuadro", sa troisième création, "Acuerdate", à la Salle Ravel de Levallois les 5 et 6 octobre 2012. Deux soirées consécutives organisées par Flamenco en France dans le cadre de ses spectacles hors les murs.

Eva Luisa Acuerdate

Acuerdate (souviens-toi), une expression souvent employée par Juan Manuel Cortés, fondateur de la compagnie Eva Luisa qu'il partage avec celle qui lui a donné son nom. Car se souvenir des créateurs, c'est primordial dans l'art, et peut-être plus encore dans le flamenco. De là est née l'idée du spectacle "Acuerdate", qui rend hommage à ceux qui ont créé l'art le plus emblématique d'Andalousie.

Un hommage à Antonio Mairena via les cordes vocales d'El Niño de Elche, avec le Romance de la Princesa Celinda qu'Eva Luisa interprète por derecho, telle une gitane de Lebrija, cambrée et bien ancrée dans le sol, entourée par tous les musiciens, notamment le guitariste Antonio Moya qui, appuyé sur une chaise, apporte une touche d'ancienneté au tableau, tant dans sa posture que dans son toque.

Un hommage aux maîtres des cantes alegres comme les cantiñas, les bulerias, et les tangos de La Niña de Los Peines et d'El Titi, sur lesquels Eva Luisa danse dans une tenue peu conventionnelle, blouson zippé à capuche et jupe longue fendue de trois bandes rappelant une célèbre marque de vêtements de sport. Cela pour rappeler que les danseuses passent plus de temps dans ce type d'habit, en entraînement et répétition, qu'en tenue de scène.

Un hommage aux maîtres des palos plus jondos comme la Bambera, la Liviana, la Serrana, et la solea (La Serneta, El Mellizo...), le style qui correspond le mieux à Eva Luisa, et qu'elle nous réserve souvent comme final de ses spectacles, insufflant toute la dramaturgie nécessaire à ce palo, recueillie et drapée dans une robe sombre aux brillants étincelants mettant en valeur sa plastique avantageuse.

Le tout est enveloppé avec brio par les percussions de Juanma Cortés qui en plus de l'habituel cajon a rajouté à son répertoire des instruments tels que tinaja (cruche en céramique), pandero (tambour sur cadre), caisse claire, shaker, grelots, bâton de pluie, bol tibetain, d'ou émanent des sons qui donnent un côté unique à la musique très originale du spectacle, composée semble-t-il par Tobal Corbel. On regrettera toutefois que le cajon "sursonorisé" ait parfois masqué la musique du zapateado d'Eva.

Le baile d'Eva Luisa a beaucoup évolué, la gestuelle est plus précise, plus créative. Sans doute le fruit de ces longs mois passés à Séville où elle demeure désormais une bonne partie de l'année.

L'impression sur le cante est plus mitigée dans le sens où le son a souffert de désordre technique durant la représentation. Par ailleurs, si Niño de Elche et Javier Rivera sont de bons cantaores (ils l'ont montré notamment sur les tangos et la solea), il semble que ce type de cante n'est pas celui qui corresponde le mieux au baile d'Eva Luisa.

Mais la jeune danseuse sait s'entourer, et le nîmois Antonio Moya, dont le parcours extraordinaire en fait rêver plus d'un, est sans doute un modèle pour ces artistes qui commencent à se faire un nom dans le paysage flamenco français mais aussi international.

A noter : la compagnie Eva Luisa se produira à Thiais le 17 novembre dans le cadre des Rendez-vous de la Guitare de Thiais 2012. En savoir plus sur les Rendez-vous de la Guitare de Thiais


Flamenco Culture, le 05/10/2012

Equipe

Baile: Eva Luisa
Cante: Javier Rivera, Niño de Elche
Toque: Antonio Moya, Tobal Corbel
Percussions: Juan Manuel Cortés

Son: Felix Vazquez
Lumières: Manuel Colchero


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