Manuel Liñan - Reversible

Renversant et à couper le souffle

Nous sommes le 28 février 2016 à Jerez. Le public du Teatro Villamarta est debout et applaudit à tout rompre au rythme de buleria. Il n'y a qu'à Jerez d'habitude qu'un tel phénomène ce produit. Mais près d'un an plus tard, le 20 janvier 2017, le Théâtre de Nîmes est soumis au même rituel : les spectateurs se lèvent et marquent leurs applaudissements sur trois temps pour saluer l'incroyable performance de Manuel Liñan et sa compagnie dans le spectacle "Reversible". Une ovation ô combien méritée pour cette création qui avait déjà coupé le souffle à plus d'un au Festival de Jerez, et remporté dans la foulée le prix de la critique.

Ce spectacle empreint de nostalgie dans lequel Manuel Liñan dévoile son âme d'enfant est aussi le théâtre de préoccupations plus actuelles.

Manuel Liñan y apparaît dans sa tenue désormais emblématique, la bata de cola et le manton, et donne le ton dans un baile por bulerias endiablé qui ne lui laisse aucun répit. A peine quelques secondes pour reprendre son souffle sur le cante de David Carpio, la distribution de roses rouges de Lucia "La Piñona" et le baile de José Maldonado, puis Manolillo nous emmène dans une cours d'école où il partage avec le talentueux bailaor catalan, également créateur des costumes, un duo des plus réussis. Très technique, ce paso a dos rappelle à chacun des jeux auxquels il jouait enfant : sauts à la corde, jeux de mains, secrets chuchotés à l'oreille, réveillent des sentiments enfouis.

La mise en scène est plus épurée qu'à Jerez, exit le dressing en fond de scène. Les palos suivants correspondent à une époque plus mature. Tientos-Tangos du plus bel effet entrecoupés de splendides interventions de Pino Losada puis Francisco Vinuesa à la guitare, duel de Mirabrás, Cantiñas et Alegrías entre Liñan et La Piñona arbitré par un pacifiste Torombo qui ne cesse de brandir sa fleur et se lance à son tour dans un baile de mucho arte qui rappelle combien cet artiste manque à cette discipline qu'il pratique désormais moins que les palmas.

La guajira de Lucia la Piñona et José Maldonado laisse le temps à Manuel de revêtir pour la troisième fois une bata de cola et de ressortir son manton pour une ultime et sublime solea qu'il concluera de dos avec une rose dans les mains et en intimant au public de se taire : "Chut....".

Ne pas mentionner la performance des cantaores Miguel Ortega et David Carpio serait un crime. Leur cante a été d'une grande qualité tout au long de la représentation. Mention spéciale pour le cantaor de los Palacios Miguel Ortega qui comme à Jerez à été magistral. Chanceux sont les stagiaires qui ont assisté dès le lendemain à son stage de cante dans le cadre du week-end flamenco qui se tient tous les deux mois à Rivesaltes.

Lire aussi : "Reversible au Festival de Jerez"


Flamenco Culture, le 20/01/2017

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EQUIPE ARTISTIQUE:: Direction - Manuel Liñan
:: Baile et chorégraphie - Lucia Álvarez “La Piñona”, José Maldonado et Manuel Liñán
:: Artistes invités - Lucía Álvarez “La Piñona” et José Maldonado
:: Collaboration spéciale - El Torombo
:: Cante - Miguel Ortega , David Carpio
:: Guitare - Francisco Vinuesa, Pino Losada
:: Percussions - Miguel "El Cheyenne"
:: Musique - Francisco Vinuesa, Pino Losada, Miguel "El Cheyenne", Miguel Ortega, David Carpio y popular
:: Dessin des costumes et peinture - José Maldonado
:: Réalisation des costumes - Pili Cordero, Eva Pedraza, Lola Jabonero, Gabriel Besa
:: Mantones - Artesanía Textil (Sevilla)
:: Son - Kike Cabañas
:: Espace sonore - Victor Guadiana
:: Création lumières - David Pérez
:: Conception graphique et photographique - Marcos Gpunto
:: Conception graphique et photographique - Marcos Gpunto

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