Rocio Molina

Je suis une amante du flamenco

Rocio Molina a présenté son dernier spectacle "Cuando las piedras vuelen" le 19 septembre à la Biennale. Elle nous a accordé l'interview ci-dessous.


Quelle évolution as-tu soufferte entre "Oro Viejo" et "Cuando las piedras vuelen" ?

Peut-être la lutte pour trouver le calme que ce chemin impose, la flexibilité de pouvoir essayer des choses sans qu'elles soient obligatoirement parfaites, en découvrant la beauté dans les propres erreurs de l'être humain. C'est avec cette souplesse que j'ai découvert des choses vraiment jolies et appris que prendre ce risque m'amène au delà de ce que mon cerveau me permet, parce qu'il y a seulement l'âme et le besoin de celle-ci. Disons que je me suis donné l'opportunité de pouvoir me tromper, avec un résultat final totalement opposé.

Que souhaites-tu raconter exactement avec ce nouveau spectacle ?

Je ne prétends rien raconter, j'avais juste besoin de franchir cette barrière.

Qu'a représenté pour toi la reconnaissance massive de la critique et du public après Oro Viejo ?

Ca te sert simplement d'appui pour confirmer ton travail, mais tu ne dois jamais prendre en compte une critique, l'unique référence valide pour croire en ce que tu fais c'est la tienne et celle de personne d'autre. Si tu n'y crois pas toi, personne ne va y croire, tant que j'y crois moi c'est suffisant.

Tu as l'habitude de doter d'un sens dramatique tous tes spectacles, dans ce travail avec Carlos Marquerie c'est encore plus accentué. Comment définis-tu les bases du spectacle ? Qu'est-ce qui te pousse à aller au delà d'un simple ensemble de bailes ?

En réalité tout vient d'un ensemble de bailes et d'images que je propose, à partir de là ce que je fais c'est que je me laisse porter par les propositions des cantes et musiques des musiciens qui participent au projet. De cette manière je suis obligée d'interpréter la musique, les cantes et les idées de Cano, La Tremendita, Paco Cruz... C'est pour cela qu'il faut être très ouvert à la compréhension de la façon de fonctionner de chacun et s'ouvrir aux apportations des autres pour permettre au projet de grandir.

Qu'est-ce que ça réprésente pour toi de te présenter au Théâtre de la Maestranza durant la Biennale ?

En vérité "En avoir beaucoup" (désolée pour l'expression) pour le dire d'une certaine façon, parce que le théâtre en impose. Mais en réalité c'était l'espace dont avait besoin le spectacle et pour moi ce fut un rêve que je n'aurais jamais pensé pouvoir devenir réalité.

Comment te vois-tu, quel type de bailaora penses-tu être ?

Je me vois comme une amante du flamenco, de la danse, de l'histoire populaire de l'Espagne, de sa musique, de ses coutumes, et avant tout je me vois sincère avec moi-même et mon art.

Que penses-tu devoir améliorer, quels sont selon toi tes plus gros défauts ?

J'ai beaucoup de défauts, mais le mieux est de parvenir à ce que les défauts soient parfaits et ne pas donner d'importance aux qualités.

Tu as travaillé avec des grands du flamenco, et as provoqué l'admiration d'artistes étrangers à notre art. Avec quel artiste aimerais-tu travailler ?

Je rêvais de pouvoir travailler avec Terremoto hijo, et depuis ma rencontre avec Baryshnikov j'aimerais pouvoir faire quelque chose avec lui. J'ai aussi eu la chance de pouvoir danser quelques letras por alegrías à Chano Lobato. Il me reste beaucoup de rêves à réaliser.

Pour beaucoup tu es la référence actuelle du baile féminin du futur. Comment vois-tu le flamenco, vers où penses-tu qu'il va ?

Je pense que le flamenco suit son développement naturel et évolue comme n'importe quel art, il se nourrit de tout, de qu'il voit et ce qu'il entend. On a peur de l'évolution parce qu'elle transforme, l'important est de ne jamais oublier l'origine du flamenco mais ne pas non plus le laisser périr.

Merci beaucoup et bonne chance.

Javier Prieto, le 30/09/2010

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